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Christel Fournier

Exposition [NATURE]

(AVRIL 2023) 

 

Christelle Fournier, « Corps associés »


« Nous partageons tout d’abord la vie par laquelle les choses existent et ensuite nous les voyons comme apparences dans la nature et nous oublions que nous avons partagé leur cause ». Lisant ce propos de Ralph Waldo Emerson, je lui ai trouvé une résonnance avec l’œuvre de Christelle Fournier et le sentiment de nature dont elle provient. Fidèle à un certain esprit de la matière, sa vivacité s’inscrit dans un mouvement, universel et continu, qui associe les corps entre eux. Leur forme se génère au terme d’un processus de création stratifié qui combine la collecte, la manipulation et l’assemblage d’éléments variés : brindilles d’arbres, galets, papiers de récupération... Y sont aussi expérimentées différentes manières d’associer ensemble la terre, l’eau, le feu et le végétal. 
Quant à cette apparence dont il est aussi question dans le propos d’Emerson, elle est ici manifestation de la matérialité de la nature et accès, par l’œuvre, à sa substance. La matière soutient la forme, elle oriente un travail d’observation réalisé par la main et le toucher plutôt que par l’œil. Sur une plage, l’artiste a ainsi confectionné des gangues en appliquant un papier humecté d’eau contre des galets, de façon à en saisir le volume et l’empreinte. Liés de façon à s’harmoniser pour former une ronde dansante, ces galets de papier évoquent l’entrechoquement doux et sonore où ils se trouvent pris, lorsque le ressac des vagues les anime.
Les œuvres de Christelle Fournier ont souvent l’air de danser. Un autre ensemble d’éléments modelés a été exposé en vis-à-vis de ces galets, de fins biscuits de porcelaine placés sur une ligne et par deux, donnant l’impression de progresser en un rythme cadencé. La mise en correspondance de ces séries fait voir à quel point la gestualité est au fondement d’un travail qui anime chaque forme, et dont la ténuité réjouit l’œil, incitant à s’approcher pour mieux les regarder. Leur face à face en fait aussi voir la parenté, la seconde série poursuivant, sur un plan plus géologique, l’étude de la forme du galet, par strates et variations, en remontant au sable qui le compose via la technique de la porcelaine.


Une poétique de la matière se déploie. Par l’usage d’un registre de matériaux et de gestes simples, que l’on pourrait aussi qualifier d’intemporels, Christel Fournier invente un langage de formes et de signes qui s’extrait des formalismes associés à l’œuvre définie comme une image, ou comme un objet. Tout y est vibration, différenciation subtile d’un état de matière vers un autre. L’absence de couleur fait voir en premier lieu la qualité des gestes et celles inhérentes aux différents matériaux. Les œuvres de Christelle Fournier engagent l’imaginaire vers le dynamisme de la nature et de ses forces conjuguées, elles ravivent le sentiment d’appartenance à un même état du vivant.


Marguerite Pilven

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[Vegetale ceramique] 2017

Céramique, file de fer

Format variable

+/- 14x8x3cm

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[Cercle] 2023

Papier, file noir, agraffe

Format ø110cm

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[Galet] 2023

Papier, file noir

Format variable

+/- 14x14x8cm

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